Après deux ans de procès, des centaines de victimes ont encore besoin de vous en RDC !
Un message d’Elsa Taquet, Conseillère juridique
«Tu as volé mon enfance, tu as tué mes parents, tu dois maintenant répondre de tes actes et faire face à la justice.»
C’est par ces mots que Dimitri*, enfant soldat depuis ses 9 ans, a terminé son témoignage, en soutenant le regard de son bourreau : le seigneur de guerre congolais « Sheka ». Dans une salle d’audience spécialement conçue pour éviter l’évasion de ce chef rebelle encore très influent dans la région, je me rappelle que tous, nous retenions notre souffle. Parmi la population, qui a enduré plus de 4 années de terreur et d’atrocités, personne ne pouvait croire que Sheka était bel et bien assis sur le banc des accusés.
Sur place en République démocratique du Congo depuis le début du procès, je peux dire que le chemin vers la justice a été long et difficile : deux ans de procès, des centaines de témoignages de victimes, des aléas procéduraux et des défis sécuritaires importants. Pour les victimes, la longueur de la procédure, bien qu’elle puisse être gage de qualité, est extrêmement difficile à vivre.
En tant que conseillère juridique, je soutiens et accompagne aussi bien les victimes que leurs avocats. Malgré l’incertitude qui caractérise des procédures aussi complexes, il faut se souvenir que, toujours, la justice est possible.
Ici, elle a fini par triompher : personne n’est au-dessus de la loi. Pas même Sheka. Immense victoire pour plus de 700 victimes, c’est également un signal fort pour tous les autres miliciens responsables d’atrocités. Mais le combat est loin d’être terminé. La mise en œuvre du jugement reste un défi colossal en RDC, où les réparations ordonnées ne sont quasiment jamais versées aux victimes.
Merci de votre confiance,
Elsa Taquet, Conseillère juridique, programme Grands Lacs.
PS : D’ici quelques jours, retrouvez-nous pour découvrir les défis rencontrés par notre équipe en Bosnie-Herzégovine. Restez à l’écoute !
*Prénom d’emprunt