Accords de Dayton : 25 ans après, quel héritage pour la BiH?
Il y a tout juste 25 ans, le 21 novembre 1995, les accords de Dayton mettaient fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine. C’est aussi dès lors que tout le spectre des horreurs de la guerre éclate au grand jour. Génocide, épuration ethnique, torture : le pays est confronté aux crimes atroces qui ont émaillé le conflit. Et il doit apprendre à faire cohabiter leurs auteurs, et de nombreuses victimes. Mais cette date marque aussi le début de la division – des différentes entités qui forment l’Etat, mais aussi de la société – que connait le pays à l’heure actuelle. L’experte juridique Lejla Gačanica revient sur cet événement marquant de l’histoire bosnienne (en anglais).
Aujourd’hui, le processus de transition sociale, économique et politique initié par les accords de Dayton n’est toujours pas achevé. Et cela alors même qu’en parallèle, des entités ethniques se sont créées, polarisées et renforcées. « On dit souvent que l’accord de paix a en fait gelé le conflit », résume Lejla Gačanica, experte juridique de l’ONG ForumZFD. Les divisions qui ont servi de fondement à la guerre sont devenues des circonscriptions, des divisions institutionnelles ; elles sont présentées comme autant d’outils pour préserver « l’intérêt national vital ».
A l’heure où les discours révisionnistes fleurissent dans le débat public et où le déni des crimes du passé a le vent en poupe, il existe cependant des signes d’apaisement encourageants. Notamment les récentes décisions des organismes de l’ONU (Comité contre la torture, CEDAW), souvent en lien étroit avec le travail mené par les organisations de la société civile. Les négociations autour de l’adhésion à l’Union européenne, et les conditions fixées par cette dernière, pourraient être un moteur supplémentaire pour que la BiH accélère son processus de justice transitionnelle qu’elle peine à faire aboutir.