Combattre le négationnisme dans la société bosnienne
Peintures murales à la gloire de criminels de guerre, graffitis et slogans fascistes scandés lors de matchs de football, les manifestations de déni du passé sombre de la Bosnie-Herzégovine s’invitent dans le quotidien des habitants du pays. TRIAL International et ForumZFD poursuivent leur collaboration débutée l’an dernier et publient deux policy papers en faveur d’une réglementation interdisant le négationnisme, ainsi que la banalisation ou la justification de génocides.
Les plaies de la guerre sont toujours vives en Bosnie-Herzégovine (BiH). Près de 25 ans après, certaines familles n’ont toujours pas retrouvé leurs proches, d’autres attendent que les responsables de crimes de guerre se retrouvent enfin sur le banc des accusés… Plus récemment, d’autres problèmes viennent raviver le souvenir du conflit : la négation dans la sphère publique de crimes pourtant connus de tous – parfois même reconnus par des tribunaux –, ainsi que la glorification de criminels de guerre condamnés.
Pour tenter de faire face à la montée de ces manifestations et discours haineux, TRIAL International et ForumZFD ont publié deux documents stratégiques (en anglais), à l’attention des législateurs de BiH. Le premier souligne la nécessité d’adopter un cadre juridique permettant de mettre fin à la culture de l’impunité. Basé notamment sur des projets de lois antérieurs, il jette les bases d’une possible réglementation et en analyse les effets potentiels. Le second se penche sur les aspects non législatifs qui doivent venir soutenir les efforts de la BiH en matière de lutte contre l’impunité. L’éducation, l’activisme, l’art et la culture, la sensibilisation du public par le biais des médias ou des communautés religieuses doivent aller de pair avec une refonte du cadre législatif. Ce n’est qu’en combinant ces deux aspects qu’il est possible d’espérer avoir un impact sur les mentalités.
« Ces deux policy papers sont basés sur une recherche menée en 2019 et qui a abouti à la publication de ‘Calling War Atrocities by Their Right Name’ (en anglais), ainsi que sur les discussions que le rapport a suscitées », a déclaré Lejla Gačanica, une experte juridique de ForumZFD qui a cosigné le rapport. « Nous avons observé que beaucoup de gens s’accordaient sur la nécessité d’une réglementation juridique qui interdirait la négation, la minimisation, la justification ou l’apologie des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre en BiH. Et ceci pour une raison simple : si la négation ou la glorification des crimes est une chose acceptable, le système judiciaire, et les institutions démocratiques qui permettent ce type de comportement, sont par conséquent remis en question. »