Nier les horreurs de la guerre est dorénavant punissable en BiH
Le négationnisme est désormais interdit par la loi en Bosnie-Herzégovine. Depuis le 23 juillet dernier, le code pénal bosnien prévoit en effet des sanctions contre les auteurs de glorification des criminels de guerre, ou de négation des génocides, crimes contre l’humanité ou crimes de guerre. Une avancée d’autant plus importante que ces discours haineux avaient le vent en poupe dans le pays.
Le 23 juillet 2021, le Haut Représentant pour la Bosnie-Herzégovine (BiH), Valentin Inzko, a introduit des amendements au Code pénal de Bosnie-Herzégovine. Désormais, la glorification des criminels de guerre condamnés par des jugements définitifs et contraignants, ainsi que la négation des génocides, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre, peuvent être sanctionnés.
« La poursuite des criminels de guerre ne suffit pas à créer un sentiment de justice ‘complète’, en particulier pour les survivants, mais aussi pour la société dans son ensemble », avait déclaré en 2019 Selma Korjenić, responsable du programme BiH de TRIAL International, dans son discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies. « Afin de normaliser les relations entre les individus, ainsi qu’entre les communautés, nous devons aussi maintenant lutter contre le déni du fait que de tels crimes ont même été commis. »
Lire l’analyse de ForumZFD et TRIAL International sur les répercussions de cette décision (en anglais)
Plus d’un quart de siècle après la fin de la guerre, de nombreuses victimes et leurs proches pensent que cette reconnaissance des crimes passés est un ingrédient essentiel d’un avenir pacifique et prospère. « Personne ne peut faire revenir mes parents », déclare Slobodanka Macanovic, qui cherche toujours les restes des membres de sa famille. « Mais cette loi nous donne le respect que nous méritons, ainsi que la promesse que personne, nulle part, ne niera jamais les crimes de guerre qui ont eu lieu. C’est un gage pour les générations futures. »
TRIAL International salue l’adoption de cette loi, d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte où les discours négationnistes, toujours plus décomplexés, s’invitent dans la sphère publique bosnienne. Rues rebaptisées, peintures murales à la gloire de criminels de guerre, réécriture des manuels scolaires, associations fascistes, les exemples de ces idéologies ne manquent pas. L’organisation s’est emparée du sujet depuis 2019, notamment en s’associant à forumZFD pour plaider en faveur d’une interdiction de ce type de discours, ainsi qu’en organisant des discussions publiques pour ouvrir le débat sur la place publique et sensibiliser les Bosnien/ne/s.
Les amendements introduits devraient contribuer à l’effort de la BiH pour tourner la page de son passé. Les institutions pourront désormais s’appuyer sur une base solide pour sanctionner les négationnistes ainsi que ceux qui font l’apologie de criminels reconnus.