Mettre un visage sur les proches de disparue/e/s
Une jeune fille dont le père n’est plus qu’une photo sur un téléphone portable, une femme qui ne sait pas où se trouve l’homme de sa vie, un fils devant l’immensité de la mer qui semble avoir avalé son père… Les images de Jason Florio montrent de façon poignante le vide laissé par les personnes disparues de force, arrachées à leurs proches. Une façon différente – mais complémentaire – d’aborder la thématique des disparitions forcées à l’honneur le 30 août, Journée internationale des victimes de disparitions forcées.
« La vérité, quelque pénible qu’elle soit, est préférable à l’incertitude. » Les proches de personnes disparues sont sans doute nombreux/ses à se reconnaitre dans cette citation d’Oscar Wilde. Bien souvent, les familles des victimes oscillent entre l’espoir et la désillusion, une véritable torture psychologique.
Nombreux sont les contextes dans lesquels des Etats se sont débarrassés de personnes gênantes et s’assurent d’une emprise sur la population en la menaçant de disparaître du jour au lendemain. Les disparitions forcées sont en effet une violation grave des droits humains, surtout lorsqu’elles sont perpétrées de manière systématique et à grande échelle : elles sont alors considérées comme un crime contre l’humanité. Depuis 2010, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (ICPED) engage la responsabilité des Etats signataires dans la lutte contre les disparitions forcées sur leur territoire. Elle assure notamment aux victimes le droit de connaitre le sort de leurs proches disparus, ainsi que d’obtenir justice et réparation.
Au cours de son travail, TRIAL International a rencontré – et a soutenu la quête de justice – de nombreux proches de personnes qui avaient été placées en détention sans laisser de traces ou enlevées. L’organisation s’est engagée pour les aider à savoir ce que ces êtres aimés sont devenus, et à amener les responsables de leur peine devant la justice… notamment au Mexique, au Népal ou en Gambie. Au cours d’une enquête sur le massacre en Gambie de plus de 50 migrants ouest-africains en 2005, l’organisation avait recueilli les témoignages de proches de personnes disparues, ainsi que du seul survivant connu. Au même moment, le photographe Jason Florio travaillait sur le même sujet. Un travail complémentaire, en ce sens que ses images incarnent les personnes dont TRIAL International a recueilli les histoires et illustrent le vide que ces disparitions forcées continuent de leur causer.
Les portraits de Jason Florio placent les sujets dans leur environnement. Il pose un regard bienveillant dans l’intimité de ces personnes, dont les proches disparus n’existent souvent plus que par une photo, un objet qui leur a appartenu…
Cet article a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne. Son contenu est la seule responsabilité des auteurs et ne reflète pas nécessairement les positions de l’Union européenne.