La Commission d’enquête sur le Burundi appelle à la plus grande vigilance internationale

09.09.2019

Le 4 septembre 2019, la Commission d’enquête des Nations Unies (CoI) a présenté ses plus récentes conclusions sur la situation au Burundi. Seul mécanisme d’observation indépendant sur le pays, la Commission a mis en garde des risques élevés de violations des droits humains à l’approche des élections.

La Commission d’enquête sur le Burundi a été établie en 2016 par le Conseil de sécurité de l’ONU ©UN Photos/Rick Bajornas

Pour la troisième année consécutive, les trois experts de l’ONU qui composent la CoI ont rapporté que des abus généralisés et systématiques se produisaient au Burundi. Comme les années précédentes, les exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, arrestations et détentions arbitraires, les actes de torture et de violences sexuelles ont été nombreux au cours des 12 derniers mois.

 

Tout le monde est soupçonné

Les opposants politiques sont particulièrement exposés aux persécutions. Cependant, selon la CoI, la définition de « l’opposition politique » a été tellement élargie qu’elle peut désormais inclure une large part de la population. Il n’est plus nécessaire d’exprimer sa dissidence : une sympathie perçue à l’égard d’un parti autre que celui au pouvoir est suffisante. Même le fait d’appartenir à la famille d’un « opposant » présumé peut conduire à une arrestation, à la torture… ou pire encore.

De ce fait, des citoyens peu politisés, y compris issus de milieux très modestes, sont maintenant étiquetés comme « opposants politiques ». La Commission d’enquête a également souligné que les abus n’étaient plus circonscrits à la capitale, Bujumbura : les populations rurales et isolées ressentent également les effets de la répression.

La Commission a identifié une autre catégorie émergente de victimes : les réfugiés burundais revenant de pays voisins. Ces conclusions contredisent les affirmations répétées du gouvernement que les ressortissants exilés peuvent rentrer sans craindre pour leur sécurité.

 

L’approche des élections est susceptible d’intensifier la violence

Les experts de l’ONU ont également alerté que les élections présidentielles de 2020 pourraient encore aggraver la situation au Burundi. Ils ont appelé la communauté internationale à « la plus grande vigilance » et souligné « le besoin urgent de mettre en œuvre des mesures (préventives) ». Les huit facteurs de risque associés aux atrocités criminelles identifiés par les Nations Unies sont présents au Burundi, selon le CoI.

Philip Grant, Directeur exécutif de TRIAL International, a confirmé que l’attention de la communauté internationale était essentielle dans la période précédant les élections : « Le sentiment prédominant au Burundi est la peur. Les gens ont peur de parler, mais ce silence ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’abus. Nous ne devons pas en plus céder aux tentatives du gouvernement d’esquiver la surveillance internationale. Nous devons tous nous unir pour briser cette conspiration du silence et faire en sorte que le Burundi reste en tête de l’agenda international ».

Voir l’interview complète de Philip Grant, Directeur exécutif de TRIAL International

 

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