Exécution extrajudiciaire d’un membre du parti d’opposition au Népal
M. Rohit Koirala, âgé d’environ 32 ans, était un résident de Sunsari, un district de l’est du Népal. Fervent militant de la lutte contre la discrimination, il a rejoint le parti communiste népalais maoïste (PCN-M) vers 1997. M. Rohit Koirala a joué un rôle considérable au sein de ce mouvement, agissant en tant que secrétaire de district et visitant d’autres districts du Népal.
Le 6 mars 2002, M. Koirala était à Madhurmara (district de Morang). Malgré sa discrétion, la police locale a appris que des cadres du PCN-M planifiaient des activités pour le compte du parti. M. Koirala et ses trois collègues ont été extraits de leur repaire, battus et emmenés au bureau de police du district de Morang.
Le 8 mars 2002, plusieurs villageois d’Indrapur (district de Morang) ont été témoins de l’exécution extrajudiciaire des quatre détenus, incluant Rohit Koirala. Leurs témoignages ont par la suite révélé que vers 4h30 du matin, une camionnette ouverte est passée devant eux, transportant Rohit Koirala et trois autres personnes. Comme M. Koirala était activement impliqué dans le PCN-M, les villageois l’ont reconnu mais étaient trop effrayés pour suivre le véhicule. La camionnette est ensuite réapparue, transportant des corps dont les vêtements ressemblaient à ceux de M. Koirala et ses amis. Des taches de sang ont également été découvertes dans les environs.
Le frère de la victime en quête de la vérité
Le même jour, Ram, le frère de M. Rohit Koirala, a entendu à la radio que quatre « terroristes » avaient été exécutés à Morang. Cette annonce l’a préoccupé, puisqu’il savait que son frère était un cadre maoïste de ce district. Il a passé les jours suivants dans une incertitude atroce, ne sachant pas où le chercher ni même s’il était vivant. Ram Koirala a décidé de se rendre au bureau de police du district de Morang pour dénoncer le crime, mais l’enregistrement de l’affaire lui a été refusé. Trois autres fois au cours des années suivantes, sa demande légitime d’ouvrir un dossier a été rejetée. Une fois, il a même été sommé par un officier de police de ne pas porter plainte pour « un terroriste ».
Après plusieurs années, M. Koirala a reçu une lettre de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), reconnaissant officiellement que son frère avait été arbitrairement arrêté, battu et exécuté. Mais malgré cette reconnaissance et les lettres consécutives que M. Koirala a adressées à la CNDH, aucun auteur n’a jamais été identifié et puni.
En décembre 2020, avec l’aide de TRIAL International et du Human Rights and Justice Centre, Ram Koirala a porté son cas devant le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires. L’affaire est en cours.
Cet article a été produit avec le soutien financier de l’Union européenne. Son contenu est la seule responsabilité des auteurs et ne reflète pas nécessairement les positions de l’Union européenne.