RDC: la justice a parlé pour les 150 victimes de Musenyi
En septembre 2015 le village de Musenyi a connu l’horreur absolue : une série de viols et de pillages commis par l’armée congolaise. Cette semaine, le Colonel en charge du bataillon responsable a été condamné pour crimes de guerre par la Cour Militaire du Sud Kivu.
L’attaque sur Musenyi
Musenyi est un village situé sur le territoire de Kalehe, dans la province du Sud Kivu, à l’est de la RDC. Entre le 20 et 22 septembre 2015, lors d’une opération militaire contre un groupe armé, la population de Musenyi a été la cible de violentes représailles de la part des militaires FARDC. Le bataillon du 3307ème régiment, placé sous le commandement du Colonel Julius Dhenyo Becker, a systématiquement commis des actes de violences sexuelles et des pillages faisant près de 150 victimes civiles.
Un dossier prioritaire
Malgré les menaces et les intimidations, les victimes ont eu le courage de dénoncer ces exactions et de demander justice. Le Colonel Becker a été arrêté fin 2015. Les enquêtes préliminaires des autorités de poursuite et de la MONUSCO ont confirmé l’ampleur des crimes : le dossier a été identifié comme ‘prioritaire’.
En 2016, TRIAL International a formé et soutenu les avocats représentant les victimes de Musenyi afin de mener des missions complémentaires de documentation.
Grace aux preuves récoltées, un procès en audience foraine s’est ouvert à Musenyi le 14 juillet 2017, sous la juridiction de la Cour Militaire du Sud Kivu. De dizaines de victimes, assistées gratuitement par les avocats du collectif coordonné par TRIAL et suivies par un psychologue, ont pu comparaitre et raconter leur histoire devant la Cour.
Condamnation pour crimes de guerre
Après deux semaines de procès, la responsabilité pénale du Colonel Becker a été reconnue pour les crimes de guerre (viol et pillage) commis par ses soldats à Musenyi. Condamné à 10 ans de prison, il devra aussi payer, conjointement avec l’Etat congolais, des réparations individuelles de 10’000 $ pour les victimes de viols et 5’000$ pour les victimes de pillage.
« En moins de deux ans, les victimes de Musenyi ont vu les crimes commis à leur égard reconnus et leur bourreau condamné » explique Daniele Perissi, responsable du programme RDC de TRIAL International. « Ce verdict représente une avancée pour la lutte contre l’impunité dans la région. Il est essentiel de faire passer le message que personne, même un officier de haut rang de l’armée, n’est au-dessus de la loi. »
Le 12 juin 2018, la Haute Cour militaire a instruit l’appel de l’affaire à Bukavu.
Le travail de TRIAL International sur les dossiers de crimes internationaux en RDC ne serait pas possible sans le soutien de l’Union européenne, du Programme des Nations unies pour le développement, du bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth du gouvernement britannique, du Département fédéral des affaires étrangères suisse et de la Coopération belge au développement.