Disparitions forcées au Mexique : les familles touchées se comptent par milliers

11.11.2016 ( Modifié le : 10.11.2016 )

TRIAL International et six ONG dénoncent le calvaire vécu par des milliers de familles de personnes disparues au Mexique qui cherchent à obtenir des aides sociales et des réparations.

En théorie, le Mexique dispose du système législatif et de toutes les institutions nécessaires pour garantir des aides sociales et des réparations aux familles de personnes disparues. Mais derrière cette façade, des milliers de familles se retrouvent seules pour affronter la disparition de leurs proches, et le bouleversement émotionnel et financier qui en découlent.

Les hommes victimes de disparitions forcées sont souvent les piliers financiers de leurs familles, aussi leur disparation est source de souffrances également pour leurs femmes et leurs enfants. Chaque disparition bouleverse donc des familles entières. La garantie d’un emploi et d’un logement est donc crucial afin qu’elles puissent continuer leurs recherches, et tout simplement pour qu’elles survivent.

 

Un labyrinthe bureaucratique inhumain

Le droit international oblige les États à accorder des réparations et des aides sociales aux familles de personnes disparues.

Mais au Mexique, celles-ci se retrouvent piégées dans un vrai labyrinthe bureaucratique. Les institutions supposées les soutenir entravent leurs démarches : les officiers sont souvent réticents ou incapables d’assister convenablement les victimes ou à leurs proches.

Pire encore, de nombreuses familles souffrent de re-victimisation, ce qui les dissuade de lutter pour leurs droits. Des épouses d’hommes disparus se sont entendues dire qu’elles devraient trouver un travail plutôt que de « mendier », puisque leurs maris ne reviendraient de toute façon pas.

Il en va de même pour des familles qui avaient demandé un suivi médical et psychologique. Cette aide leur a été refusée car elles étaient incapables de prouver le traumatisme qu’elles avaient enduré. Faux renseignements et pertes de dossiers font également partie de la liste des mauvais traitements infligés aux familles.

Pour s’en sortir, les sont parfois obligées d’avancer des frais de suivi médical, parfois au prix d’un endettement. Pour peu que les autorités mexicaines tardent à rembourser ces frais – ce qui est souvent le cas – les familles s’enfoncent dans la pauvreté, humiliées et marginalisées.

 

Les étrangers ont encore moins de droits que les autres

La situation est pire encore pour les familles qui ne vivent pas au Mexique – une situation loin d’être inhabituelle puisque les immigrés d’Amérique centrale transitent par le Mexique pour à gagner les États-Unis ou le Canada. Chaque année, des milliers d’entre eux sont victimes de disparitions forcées. Bien que les familles étrangères aient les mêmes droits que les familles mexicaines au regard de la loi, les obstacles se révèlent en pratique trop nombreux.

D’une part, les familles doivent choisir un représentant au Mexique, ce qui est parfois très difficile pour une personne résidant en-dehors du territoire mexicain. D’autre part, les familles ne peuvent pas se rendre elles-mêmes Mexique car elles n’en ont ni les moyens, ni le visa.

Les quelques personnes qui réussissent à s’enregistrer officiellement comme « victimes » devraient accéder aux aides sociales, mais elles en bénéficient rarement. Le fils de Mme E.E. a disparu au Mexique en 2011 alors qu’elle vivait au Salvador. Après 4 longues années, elle a enfin été officiellement reconnue comme victime au Mexique. Pour accéder à son suivi médical et psychologique, elle a été contrainte de se rendre au Mexique… pour s’entendre dire sur place qu’elle ne remplissait pas toutes les conditions pour y avoir droit. Renvoyée au Salvador les mains vides, elle n’a toujours pas de réponse quant au sort de son fils. Chaque jour, d’innombrables parents et frères et sœurs endurent les mêmes humiliations.

En novembre 2016, TRIAL International et six ONG ont dénoncé ces situations inhumaines au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDF). Le rapport illustre, exemples à l’appui, les obstacles auxquels font face des milliers de familles de personnes disparues.

Le GTDFI devrait maintenant demander des explications au Mexique et émettre ses recommandations.

 

Lire le rapport complet (en espagnol)
Lire le résumé (en anglais)

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