Contexte
Entre 1994 et 2016, la Gambie, petit État d’Afrique de l’Ouest, est restée sous le joug de Yahya Jammeh. Un régime autoritaire marqué par un recours systématique à la torture, de nombreuses exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires et des disparitions forcées d’opposants. Depuis 2017, le pays est engagé dans un processus de justice transitionnelle pour tenter de tourner cette page sombre de son passé.
Les nombreuses violations des droits humains pendant les 22 ans qu’aura duré la dictature de Yahya Jammeh sont pour l’heure difficiles à dénombrer. Mais la Gambie semble déterminée à faire la lumière sur cette période troublée de son histoire récente.
En 2017, des victimes du régime, soutenues par des ONG locales et internationales se sont réunies à Banjul pour demander que l’ex-président soit traduit en justice. La campagne #Jammeh2Justice a été lancée à cette occasion par des organisations gambiennes et internationales, parmi lesquelles Human Rights Watch et TRIAL International.
La société civile n’est pas seule à s’emparer de l’héritage de la dictature. Des réformes de la Constitution et du Code pénal sont en cours, et une Commission nationale des droits de l’homme, organe indépendant et permanent, a vu le jour en janvier 2018.
S’il est difficile de quantifier les crimes et les violations des droits humains qui ont eu lieu sous l’ère Jammeh, les éléments qui refont surface – grâce notamment à la Commission vérité, réconciliation et réparations (Truth, Reconciliation and Reparations Commission, TRRC) qui siège depuis 2019 – laissent apercevoir leur caractère systématique. Dans tout l’appareil d’État, des abus ont été commis.
Enfin, grâce notamment à l’action de TRIAL International, la justice a commencé à se saisir de crimes commis sous Yahya Jammeh a l’extérieur des frontières de la Gambie. C’est le cas notamment de l’ancien ministre de l’Intérieur Ousman Sonko, poursuivi en Suisse depuis 2017 pour crimes contre l’humanité.